Parlez-vous IKEA ?

Si vous avez réussi à échapper aux meubles de cuisine, au canapé, à la table, au cadre photo, au presse-aïl ou à la moindre bougie chauffe-plat IKEA, vous méritez  la légion d’honneur de l’anti-consommateur !

 

Mais au fait, que savez-vous de cette enseigne, passage obligé des jeunes d’aujourd’hui en cours d’emménagement, désireux d’organiser leur petit chez-soi avec des rangements futés, et vaguement nostalgiques de leurs jeux de mécano ?

 

Ikéa c’est suédois. Ca on le savait.

I pour Ingvar, K pour Kamprad, E pour Elmtaryd, le nom du lieu-dit de la ferme où est né Ingvar, et A comme Agunnaryd, du nom du village le plus proche. Là déjà, vous étiez plusieurs à ne pas gagner le camembert du Trivial !



Et oui, à l’origine, il s’agit bien d’un petit gars qui avait le sens des affaires. Ingvar est né en 1926. Il commence tout jeune à exercer ses talents de business man en enfourchant son vélo et vendant des allumettes achetées chez un grossiste aux gens de son voisinage. Il diversifie son offre avec du poisson, des décorations de Noël, des graines puis des stylos bille.

 

C’est à 17 ans seulement qu’il créé son entreprise IKEA. L’histoire raconte que c’est avec l’argent que son père lui a donné pour qu’il travaille mieux à l’école qu’il lance son affaire. Peu tenté par les études et encore moins par la vie de fermier, il commence par faire de la vente par correspondance et propose à ses premiers clients (ses proches) stylos, portefeuilles, cadres de tableaux, montres et petits bijoux, bas Nylon... Achetée à des grossistes, stockée à la gare la plus proche, la marchandise est livrée par le camionneur qui distribue le lait, avec lequel Ingvar a passé un accord.

 

1945 constitue un tournant pour Ingvar. Afin d’obtenir de meilleurs prix, il décide de se fournir directement auprès des fabricants. Il décide également de se consacrer à la vente de meuble, un marché qui lui paraît porteur et qui est jusqu’à présent détenu par des petites boutiques en ville.

1949 : tirage à 1500 ex du premier catalogue de réclame de 4 pages. La même année, Ingvar se saigne pour payer une page de pub dans le principal quotidien de Suède. Il base son argumentaire commercial sur un argument imparable : le prix. « Dans beaucoup de domaines, il est malheureusement exact que des produits dont la fabrication revient par exemple à une couronne sont vendus cinq, six, voire dix couronnes. Cela est dû aux intermédiaires. C'est pourquoi nous avons décidé de vous offrir ces produits au prix où les grossistes les achètent, voire un peu plus bas, en nous les procurant directement auprès des producteurs. »

 

Cette idée, nouvelle à l’époque, triomphe et sera la base de la philosophie commerciale de l’entreprise :

-         des prix bas afin de rendre la marchandise accessible au plus grand nombre,

-         une organisation optimisée afin de réduire les frais,

-         un esprit d'humilité et de simplicité afin de rester à l'écoute des consommateurs...

 

Le passage d’une société de vente par correspondance à une chaîne de magasins distribuant des meubles en kit se fait pour se démarquer de la concurrence qui fait largement pression sur Ingvar. Ce dernier ouvre un gigantesque showroom à Stockholm, où les clients pourront apprécier la qualité des meubles. Les concurrents de la vente par correspondance se sont livrés à l’époque à une guerre des prix qui affectait la qualité des produits. Ingvar permet à ses clients de constater par eux-mêmes la qualité de ses meubles et d’opter ainsi pour  le meilleur rapport qualité prix.

Parallèlement, Ingvar se met à fabriquer lui-même ses meubles : les fournisseurs, sous la pression des concurrents d’Ingvar, avaient arrêté de livrer IKEA. Il confie d’abord ses plans à des petits industriels locaux pour prendre le chemin de la Pologne dès 1960.

Il privilégie un style pratique et fonctionnel.

 

Le concept meubles en kit, prêts-à-monter est inventé par hasard : un vendeur du magasind e Stockhom, pris d’une soudaine inspiration, a un jour l’idée de démonter les pieds d’une table pour la faire rentrer dans le coffre d’un client. Les cartons plats permettront à Ingvar de baisser encore ses prix en diminuer les coûts de stockage et de transport puisque c’est le client qui emporte ses achats. Se dessine un trait caractéristique des produits IKEA : transformer les problèmes en opportunités.    

 

Dans les décennies suivantes, Ingvar ouvre des magasins dans le monde entier :

Norvège (1963), Danemark (1969), Suisse (1973), Australie (1975), Canada (1976), Autriche (1977), Pays-Bas (1979), France (1981), Etats-Unis (1985), Royaume-Uni (1987), Italie (1989), Hongrie et Pologne (1990), République Tchèque, Emirats Arabes Unis (1991), Espagne (1996), Chine (1998), Russie (2000).

  

L’entreprise n’est pas cotée en bourse lais est la propriété de diverses fondations, coiffées au sommet par une fondation hollandaise détenue majoritairement par la famille Kamprad (tiens, ça nous rappelle une certaine entreprise allemande d’électro-ménager !).

La structure est complexe, et c’est voulu par Ingvar qui est allergique depuis toujours à la bourse et à la transparence des comptes. Il impose à son empire un style paternaliste de management, considérant son entreprise comme une véritable famille : « Chère famille Ikéa... » peut-on lire en entête de ses lettres à ses collaborateurs. Le règlement est rigoureux, mais les mesures spectaculaires : en 1999, il distribue en prime à ses salariés l’équivalent du chiffre d’affaire mondial d’un samedi !

En 2002, il transmet les rennes du groupe à ses 3 fils.

Il vit retiré en Suisse, près de Lausanne où il s’est installé depuis plus de 30 ans. Il mène une vie modeste, roulant en vieille Volvo et empruntant volontiers les transports en commun.

Pour autant, il a œuvré pour échapper le plus possible au fisc en se réfugiant au Danemark d’abord, puis en Suisse. Il est aujourd’hui considéré comme l’un des hommes les plus riches du monde (le plus riche selon certains calculs, devant Bill Gates selon si l’on prend en compte la valeur de ses magasins).

 
Caro - fév 2009

 

IKEA en chiffres :

- 200 magasins répartis dans 31 pays

- 75 000 employés

- CA de 12 milliards de dollars

- Le catalogue IKEA de 500 pages est tiré à 5 millions d’exemplaires dans le monde !

- En 1983, le groupe compte 6000 salariés

- 1997 : lancement du site internet www.ikea.com

- 10 % des bébés européens seraient conçus dans de slits IKEA (selon des études sérieuses, sisi !)

 


Parlez-vous Ikéa ?

Les produits IKEA sont identifiés par des noms composés d'un seul mot. La plupart des noms sont d’origine suédoise, danoise, finnoise ou norvégienne. Bien qu’il y ait des exceptions, le système de nomenclature est le suivant :

- meubles rembourrés, tables à café, meubles en rotin, étagères, stockage de médias, poignées de porte : mots suédois 

- armoires, meubles de hall : mots norvégiens 

tables et chaises : toponymes finlandais

- bibliothèques : occupations 

- articles de salle de bain : lacs, cours d’eau et baies scandinaves

- cuisines : termes grammaticaux, parfois d’autres noms 

- chaises, bureaux : noms d’hommes 

- tissus, rideaux : noms de femmes 

- meubles de jardin : îles suédoises 

- tapis : mots danois 

- éclairages : termes musicaux, chimiques, météorologiques, nautiques, mesures, poids, saisons, mois, jours, bateaux 

- literie, couvertures, oreillers, coussins : fleurs, plantes, pierres précieuses, mots en rapport avec le sommeil, le confort 

- objets pour enfants : mammifères, oiseaux, adjectifs 

- accessoires pour rideaux : termes géométriques et mathématiques 

- ustensiles de cuisine : mots étrangers, épices, herbes, poissons, champignons, fruits ou baies, descriptions fonctionnelles 

- boîtes, décorations murales, images et cadres, horloges : expressions familières, et aussi des toponymes suédois.

Par exemple, Duktig (« bien élevé ») est une ligne de jouets pour enfants, Oslo est le nom d'un lit, Jerker (un nom suédois masculin) un bureau, Kassett un meuble de rangement de médias. Effektiv (« efficace ») une gamme de meubles de bureau ; Skärpt (« aiguisé ») une ligne de couteaux de cuisine.

Ingvar Kamprad, qui est dyslexique, a trouvé qu'appeler les meubles par des noms propres et des mots plutôt que des codes rendait les noms plus faciles à retenir.

 

 
 

Pour en savoir plus…

Certaines sources affirment qu’Ingvar aurait adhéré au mouvement de la Jeunesse Nordique équivalent des Jeunesses Hitlériennes.

http://www.ikea.com/ms/fr_BE/about_ikea/timeline/full_story.html

http://www.epokhe.com/entrepreneurs/ingvar-kamprad/

http://fr.wikipedia.org/wiki/Ingvar_Kamprad

http://fr.wikipedia.org/wiki/Ikea

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